In the middle of nowhere

Je reviens de quelques jours dans un trou perdu du Missouri pour un petit congrès. J'aime bien l'aspect social et extra-scientifique de ce genre de conférence. C'est intéressant de mettre un visage sur des noms connus uniquement sous forme de signatures dans des publications. Certains de ces visages sont d'ailleurs plutôt charmants. On se fait aussi quelques nouveaux amis, au hasard des rencontres et des discussions, et on en retrouve d'autres perdus de vue, qui travaillent dans des laboratoires à l'autre bout du monde. L'essentiel étant, bien entendu, de réussir à se lever pour les conférences qui commencent à huit heures du matin, après les nuits passées à parler de tout et de rien autour de multiples bières avec une bande de copains coréens, français, canadiens, chinois, belges, allemands, russes, et parfois même américains. Pendant quelques jours, on oublie la routine du laboratoire, et c'est plutôt agréable.

C'est intéressant aussi, d'un point de vue ethnologique, de se retrouver dans une petite ville universitaire du Midwest. Ca change de Boston. Il y a trois ans, après ce même congrès, j'étais resté bloqué pour le week-end pour cause de violentes tempêtes dans la région. J'avais pu avoir un rapide aperçu de la vie des étudiants du coin, et ça m'avait incroyablement rappelé l'ambiance du film de George Lucas "American Graffiti", la nostalgie en moins: étudiants désoeuvrés qui se saoûlent rapidement dans les rares bars puis vomissent dans la rue, se battent entre eux comme des petits coqs fiers, essayent de draguer au volant de décapotables. La voiture est ici un outil indispensable: le piéton est regardé d'un air suspicieux, et de toute façon les distances sont trop grandes pour marcher. Ce qui me frappe toujours, c'est le fait que toutes ces villes se ressemblent: mêmes pelouses parfaitement entretenues, même agencement des rues, mêmes hôtels à la périphérie, mêmes fast-foods au bord des routes.

La conductrice du mini-bus qui nous ramenait à l'aéroport de Saint-Louis m'a demandé si j'étais français. Elle m'a félicité pour l'opposition de mon pays à la guerre en Irak, ce qui m'a surpris. Mais elle m'a expliqué que sa ville était une sorte d'île libérale (au sens américain du terme) dans une région conservatrice.

La dernière fois que j'avais mis les pieds dans un aéroport, c'était pour... Petit pincement au coeur, quand même.





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