Derrière l'écran

Il y a des gens qui sont attirés non pas par ce que l'on nous montre, mais par ce que l'on nous cache. L'envers du décor. Le fonctionnement interne, les rouages qui tournent, les pistons, les bielles. Une même réalité peut cacher, en-dessous de la surface bien cirée, de beaux mécanismes agréables à voir fonctionner. Tic-tac régulier d'une horloge suisse. Mais parfois, ce que l'on trouve quand on ouvre le capot, ce sont de mauvais bricolages, des arrangements temporaires, des joints mal ajustés prêts à casser, des tuyaux qui fuient. Assez loin de ce que l'on voulait nous faire croire.

Certains s'intéressent ainsi aux routines internes des logiciels. D'autres démontent les gadgets électroniques. Ou essaient de comprendre pourquoi tel organisme résiste à un froid glacial. Encore d'autres s'intéressent aux mécanismes de conditionnement des humains. A la façon dont la publicité nous manipule. Ce que Fravia+, cracker de légende, appelle le "Reality Cracking". Ce sont des chercheurs, professionnels ou amateurs, des curieux. Des réverseurs, un néologisme que j'aime bien, car il indique que l'on ne se contente pas d'observer le produit fini, mais on refait tout le cheminement inverse qui permet d'arriver à ce produit. Des gens qui veulent comprendre. Qui veulent savoir comment ça marche, derrière le miroir, et ne se contentent pas du marketing et des belles paroles des marchands. Certains osent même soulever le capot du média le plus puissant : la télévision. Et ça ne sent pas très bon. Apprendre comment se tourne une émission sensée représenter la réalité, et découvrir le manque de respect pour, justement, cette réalité. Filmer ceux qui filment. Piéger ceux qui piègent.

Les deux agitateurs géniaux du Crobard s'étaient déjà payé une émission de télé-poubelle de TF1, sans même le préméditer, en n'utilisant rien d'autre que l'envie des journalistes d'en vouloir toujours plus, jusqu'à en perdre tout sens critique. Les prendre au propre piège qu'ils essaient de tendre à leurs victimes. Ca avait donné leur premier canular joyeux et délirant, les punks à louer, dont j'avais parlé ici, et qui avait été diffusé à une heure de grande écoute. Même les journalistes piégés avaient finalement assez bien pris l'affaire.

Et voilà que le Crobard recommence ! Leur deuxième canular concerne une émission de M6 à propos des "familles excentriques". Tout à fait dans leurs cordes. Allez vite lire comment les journalistes de télé-poubelle envahissent l'espace de ceux qu'ils filment, et tentent de modifier la réalité qu'ils sont sensés vous montrer. Cette fois, il semble que les piégés n'aient pas beaucoup apprécié.

C'est grâce à des gens comme Sand et Fab que l'on peut comprendre comment sont tournées ces émissions de télé-réalité. Ce qu'il y a derrière les jolies images et les fausses confrontations. Comment tout cela est créé pour rendre votre cerveau disponible pour la publicité qui va suivre. Tout en rigolant un bon coup aux dépend des arroseurs arrosés. Un grand merci à eux.





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